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« Suivant. Entrez. »
Depuis combien de temps vous perdez-vous dans ces couloirs si semblables ? Des heures ? Des jours peut-être ? Des jours que vous tournez en rond, cherchant portes de sortie, fenêtres non-condamnées. Pourtant, le seul échappatoire semble être cet atrium maudit. Aussitôt une porte ouverte, aussitôt vous revoilà dans l'encadrement de cette pièce où d'autres personnes, résignées, attendent fébrilement. Peut-être ont-elles déjà épuisé toutes leurs forces à espérer pouvoir s'enfuir comme vous, petits êtres fragiles et tremblotants de peur, nerveux, acculés... ou complètement sot au point de ne pas croire ce qui vous arrive ! Petit papillon insignifiant ! Il ne fallait pas venir tourner autour, te voilà maintenant englué dans ma petite toile d'araignée. C'est triste, mais tellement compréhensible. Qui peut se venter de n'avoir jamais été attiré par la chaleur des flammes, par leurs couleurs si caractéristiques et leurs formes aux mouvements saccadés. Quel enfant, aussi naïf soit-il, peut résister à l'envie de les contempler.
Les humains sont pathétiques : ils observent la mort droit dans les yeux, et s'en veulent, après coup, lorsqu'ils doivent en subir les conséquences.
« Suivant. Entrez. »
Résigné, vous aussi. Nerveusement posté dans un coin, ou assit sur une chaise au rembourrage déchiré. Vous tremblez comme des feuilles mortes lorsqu'à chaque fois, vous entendez la porte s'ouvrir d'un grand claquement et sa voix retentir tout au fond du secrétariat. Sa voix mielleuse, sa voix si désagréable. Vous ne l'avez encore jamais vu, mais vous l'entendez depuis une demi heure, peut-être une heure. Vous savez qu'elle est là, dans la pièce adjacente. Vous savez aussi que votre tour viendra, que les minutes continueront à s'égrainer jusqu'à ce qu'elle vous interpelle de sa voix glissante, collante. De sa voix sucrée, tellement hypocrite que sa seule sonorité réussit à vous hérisser désagréablement les cheveux de la nuque. Les patients défilent un à un. Des femmes mélancoliques, des jeunes garçons effrayés. Parfois, un ou deux enfants, presqu'en pleure. Et vous.
« Suivant. Entrez. »
Vous n'avez plus le choix. De toute façon, vous avez déjà suffisamment gaspiller de votre temps à tenter de vous enfuir... et résultat ? Vous vous trouvez ici, acculé devant le fait implacable. Vous n'avez plus le choix. Pourquoi ? Parce que la porte derrière vous se referme d'un claquement moqueur. Vous entendez le loquet se verrouiller avant même d'avoir formuler la pensée d'une fuite possible.
Vous êtes piégé.
Alors à quoi bon résister ? Autant avancer immédiatement, et s'éviter les foudres d'un quelconque monstre en fureur. Si monstre il y a véritablement.
Avancez, franchissez les mètres qui vous sépare tous les deux, et rejoignez-la. Petite poupée, jeune femme maigrichonne aux airs extravagants. Petite fille jouant à l'adulte impatiente. Assise derrière son bureau de bois blanc, elle fait tiquer ses ongles de manière déplaisante, sans vous quitter des yeux. Elle vous regarde, de son œil pénétrant. Vous même complètement captivé par ce regard magnétique, vous ne parvenez pas à vous en défaire. Vous exécutez vos derniers pas, comme si elle vous transmettait une série d'ordres mécaniques par la pensée, et vous vous affaissez sur une vulgaire chaise dure d'écolier, placée juste pour vous. Devant elle.
Elle tente un sourire méchant, contient la voracité de ses vices en esquissant simplement un froncement des lèvres.
« Vous devez remplir votre dossier. »
Sa voix se permet un ton badin, comme si vous auriez du faire cette déduction par vous même.
Elle vous tend une feuille où, à l'encre, vous trouvez les champs à remplir et les consignes à respecter. À côté, sur le bureau, vous remarquez un crayon de papier.
- Citation :
- :: Nom :
:: Prénom :
:: Âge (Date de naissance) :
:: Description physique : Un minimum de 15 lignes.
:: Description psychologique : Un minimum de 15 lignes.
:: Histoire, vécu : Un minimum de 20 lignes est exigé.
:: Peurs, phobies : Un minimum de 5 lignes.
:: Premières impressions : 5 lignes sur les impressions de votre personnage à son arrivée, ses sentiments, etc...
// Le HTML est permis pour ceux qui le désirent, mais n'en abusez pas. Restez lisibles et évitez les couleurs criardes.
Aussitôt votre dernier petit point tracé qu'elle vous arrache la feuille des mains, sans même vous laissez le temps de vous relire. Avide de souvenirs, ses yeux s'élancent sur votre feuilles avec une impatience à peine contenue : tantôt elle jubile, tantôt ses traits se froncent. Elle n'est pas sensible, seulement bestiale dans son genre. Inhumaine, chaque mot s'ancrent dans son esprit en suscitant, chez elle, une réaction incohérente avec la situation. Un garçon se fait violer : elle sourit et se mordille la lèvre. Une femme a tué ses enfants : elle pince les lèvres pour retenir un rire moqueur et impudique.
Une fois la dernière ligne consumée, elle lève vers vous un regard furieux. Vous ne voyez donc pas ? Votre seule présence la dérange, ouste !