"J'ai oublié, comment était-ce avant ? Depuis quand mon visage est-il plongé dans ces ténèbres ? Je serais dans l'incapacité d' y fixer une date. La démence pèse sur mes frêles épaules, elle me rejoint, harcèle ma modeste boite crânienne. Elle m'implore de libérer cette "chose" qui sommeille en moi, elle me l'ordonne. Moi, je la supplie d'arrêter, je vomis des insultes sans sens. Je pleure, je crie, et puis…je meurs."
J'ai couru... J'ai couru jusqu'à sentir tous mes muscles me brûler, jusqu'à sentir dans mes veines de l'acide sulfurique à la place du sang. Puis, j'ai couru encore. Durant ma course effrénée, une porte apparut dans mon champs de vision. D'un mouvement sec du poignet, je l'ouvris et m'engouffrait à l'intérieur sans réfléchir, je n'étais pas en mesure de réflexion tellement mon excitation était à son paroxysme. Elle ne fut que de courte durée. Je me trouvais à mon point de départ. Je poussais un hurlement animal. Ma frustration était à son apogée, je me trouvais de nouveau dans cet Atrium. J'étais piégée. J'avais tenté de repousser le moment crucial. Lasse et épuisée. Je m'assis sur un siège inconfortable mais cela ne m'importait guère, mes mains se tordirent nerveusement sur mes genoux. Je devais voir ce qu'il se passait, je ne pouvais pas fuir toute ma vie en parcourant les couloirs sinueux de cet endroit de malheur.
«
Suivant. Entrez. »
Je dressais fébrilement la tête, faux espoir. C'était un homme qui s'engouffra dans cette pièce. Pièce qui ne me donnait guère l'envie de m' y aventurer quand viendra mon tour. C'était un cauchemar. J'étais résigné à attendre indéfiniment dans cette pièce, d'autre personne semblaient dans le même cas que le mien, incompréhensifs à ce qu'ils leurs arrivaient. Un courant d'air froid vint me parcourir l'échine, effroyable frisson. J'étais stoïque, mes membres se crispaient anormalement, comme pour m'avertir, m'informer d'un danger, danger auquel je ne pouvais donner aucun nom. Je ne comprenais pas pourquoi mon cœur battait une chamade saccadée, désordonnée. J'observais la porte de la salle adjacente. M'imaginant un décor morbide et tout aussi déplaisant que cette pièce-ci. Mes membres étaient lourds, mes yeux clignaient avec lenteur. La porte s'ouvrit dans un cliquetis métallique horrible.
«
Suivant. Entrez. »
Mon tour. Je ne saurais y donner une explication rationnel, mais je pressentais que c'était à moi de passer et à personne d'autre. Je me levais, mes pas me guidèrent instinctivement dans cette salle dont je redoutais le décor…et l'interlocutrice. Ses iris d'une teinte surprenante se plongea dans les miens lorsque je franchis le seuil de la porte. Elle m'assujettissait. D'un pas effacé, je franchis les quelques mètres qui nous séparait, elle et moi. Son regard m'invita…non m'ordonna de m'asseoir sur cette modeste chaise en bois qui émit un grincement de douleur lorsque je vins m' y asseoir. Elle me tendit un formulaire.
«
Vous devez remplir ce dossier. »
Mon regard égaré se posa nerveusement sur la feuille, je m'emparais d'un crayon qui trônait fièrement sur la table. Je lisais et remplissait, mes lèvres se tordaient. en un rictus. J'étais méfiante, mais résigné à faire ce que l'on me demandait. Je n'avais pas le choix.
Nom : Middleford.
Prénom : Elizabeth.
Date de naissance : 26 Novembre 1922.
Elizabeth est mignonne et attendrissante, avec ses yeux de biche naïf et étonnés, son sourire facile mais quelque peu timide. Elle conserve un beau teint laiteux, Une peau lisse et impeccable que les affres de l'adolescence semblent avoir miraculeusement épargné lui laissant une douceur de pêche. Son teint est, en revanche irrémédiablement clair.
Ses traits sont fins et réguliers, dénotant une certaine noblesse. Elle a le corps mince et souple dont le contour ne s'estompe guère, les mains fines et fuselées, les jambes longues et bien plantées. Sa démarche aisée est pleine de grâce. Toutefois rien de tout ceci ne rivalise avec l'attrait que représentent les prunelles de la demoiselle, se contentant de compléter le charme que lui procure ces dernières...Le charme de son regard un peu niais et rêveur est…amusant. Des iris ourlés de long cils qui détiennent un éclat d'une rare et époustouflante intensité, à laquelle il est difficile de se soustraire lorsqu'elle les plonge dans ceux d'autrui. D'une surprenante couleur limpide, on croit facilement pouvoir s'y perdre - s' y noyer même - tant ils sont lumineux. En effet, sa silhouette gracieuse - qui est suffocante de féminité et de ce fait outrageusement adulte. Une cascade d'un blond passé vient descendre langoureusement jusqu'à la chute de ses reins, ondulant légèrement au niveau des pointes. Souple et soyeuse, ses mèches dégradées sur le devant viennent encadrer son long visage et se réunissent en une mèche relativement inégale qui lui barre le front. Cependant l'apparence n'est qu'une façade, l'apparence n'est qu'illusion. Soit, même si mère nature ne l'a pas lésé, méfiez-vous de cette jeune fille au visage angélique. Elle est peut-être loin de celle que vous vous imaginez…
La mélancolie que dégage Elizabeth constitue l'élément majeur de sa panoplie de "séductrice". On a toujours l'impression qu'elle est sur le point de pleurer ou qu'un triste événement vient de la frapper. Inconsolable en apparence. :
" C'est en deuil surtout que je l'aime.
Le noir sied bien à son front poli.
Et par ce front le chagrin même
Est embelli"
En cours...~
Un soir comme tous les autres, l'esprit embrumé à cette heure si avancée dans la nuit, je m'assois sur une chaise en bois. L'air est frais, et les fumées de pipes tournoient dans les ténèbres. Les étoiles semblable à des joyaux me bercent, et, entre deux arbres aux bras immenses, la lune joue à cache-cache en attendant le soleil. On me parle, et je souris. Nous refaisons le monde en riant. L'heure avance et nous le raccompagnons. En longeant la corniche, ce soir-là, j'ai vu la mer qui scintillait. L'air passait par la fenêtre et mes cheveux dansaient. Un soir comme tous les autres, ou presque. Un soir d'été où la vie me paraissait belle. Mais le bonheur n'est rien de plus qu'une utopie. Un rêve basé sur une illusion erronée de la réalité. Je redeviens la jeune fille solitaire que j'étais, accompagné cette fois de mon cœur brisé.
Le monde qui tombe avec fracas à mes pieds. La mer qui se noie sous mes yeux, et le ciel qui se consume au dessus de mon front. Qui suis-je ?
Je suis le sentiment exacerbé d’Elizabeth. »
« Si j'avais vraiment une maladie je la nommerais Octave... Octave, la petite écorchure qu'on a sur le palais et qui ne peut cicatriser que si on ne cesse de la lécher. Mais je ne peux pas. » - Elizabeth à Léandre.
«
Cette nuit, intenable insomnie, la folie me guette Je suis seule car je fuis. Je subis cette cacophonie qui me scie la tête, assommante harmonie. Elle me dit, tu paieras tes délits quoi qu'il advienne on traîne ses chaînes, ses peines. Tuant par dépit ce que je sème. Je voue mes nuits aux blasphèmes, j'avoue je maudis tout ceux qui s'aiment. L'ennemi tapi dans mon esprit fête mes défaites. Sans répit, me défie. Je renie la fatale hérésie qui ronge mon être je veux renaître. Pleurent les violons de ma vie, la violence de mes envies, siphonnée symphonie. Déconcertants concerto, je joue sans toucher le do, mon talent sonne faux. je noie mon ennui dans la mélomanie, je tue mes phobies dans la désharmonie. »Et alors il s’est passé quelques choses, je me suis laissé aller, dans un total oubli de moi même envahi par la nuit le silence et la plénitude. J’avais trouvé la liberté. Perdre tout espoir, c’était cela la liberté.
Et à ce moment précis, la douleur s'estompant, je voulus que le noir m'envahisse et que ce froid me glace, muscles tétanisés. Je ne voulus plus bouger, et rester dans cet enfer calme et reposant pour toujours. Je voulus fermer mes paupières et ne plus les rouvrir.
Je ne peux définir, expliquer ce qui m'est passé par la tête à ce moment précis, et qui semblait taper dans mes tempes, au point que mon corps tout entier tremble. Je frissonne, il fait bien trop froid. Je mords mon coussin, pourtant mon cri transperce ma gorge. Je hurle, je tape sur les murs; je n'ai pas la force de lutter contre la folie qui me transperce de toutes parts. Le sentiment de ne plus rien valoir, l'autodestruction me tente tant... Je voudrais fermer les yeux pour toujours, tenter d'effacer ma vie aussi vite qu'un grain de poussière sur lequel on souffle. Mais comment faire,
il est là... Je ne veux pas lui faire de peine... Et puis je hurle toujours, je frappe, et personne ne m'entend, personne ne me remarque, à croire que je n'existe déjà plus... Je fulmine, mon cœur fait des bonds. Je ferme mes yeux le plus fort possible, mes larmes me brouillent la vue et brulent mes joues, combustion parfaite. Personne ne se soucis de mon existence ratée, de ma petite personne idiote et vénale, je l'ai bien mérité. Et la tristesse m'emplit. Je me noie dans mes propres pleurs, je coule, je sombre. L'épave de mes jours heureux me dévisage, et je me tire les cheveux. Pourquoi ? Pourquoi ?! Personne pour me comprendre, personne. Soudain, des bruits de pas sur le parquet.
Il est là, près de moi. Nous parlons. J'ai la singulière l'impression d'être invisible, de ne pas exister. Mais je sais que jamais je ne partirai de mon plein gré, je sais que je ne quitterai pas ce qui me rattache à la vie. Par ce que je
l’aime, et que rien ne changera cela. Je me calme, reprends ma respiration. J'y arrive.
J'y arrive toujours.
"
Je me rend compte, chaque instant de vie que je n'aurai pas su retenir, et qui s'envole... un instant de moins sans lequel ma vie tomberait en une déchéance totale. Seulement, en regardant le ciel avec dignité, je me dis à quel point la chance, et le destin, réparant ses blessures abstraites me dévisagent avec un doux sourire. "
J’ai marqué le mur de mon destin par l’impact de mes poings, j’y arrive,
j’y arrive toujours.
Chapitre I : L'alchimie de la douleur.
(
/!\ Attention texte qui peut choquer.)
« Le corps baigne au milieu du lit, dans une liqueur rougeâtre, les épaules à plat, mais l'axe du corps est légèrement incliné vers le côté gauche, la tête tournée sur la joue gauche. Le bras gauche se trouve le long du corps, avec l'avant-bras replié à angle droit et reposant en travers de l'abdomen. Le bras droit, quelque peu détaché du corps, se trouve sur le matelas, tandis que l'avant-bras, posé sur l'abdomen, laisse apercevoir les doigts serrés. Les jambes sont largement écartées, la cuisse gauche formant un angle droit avec le tronc, tandis que la cuisse droite dessine un angle obtus avec le pubis. Toute la surface extérieure de l'abdomen et des cuisses a été arrachée, alors que les viscères ont été retirés de la cavité abdominale. Les bras mutilés de nombreux coups de couteau irréguliers et le visage est totalement méconnaissable. Les tissus du cou ont été sectionnés jusqu'à l'os. Les viscères ont été éparpillées un peu partout : les reins se trouvent sous la tête ; le foie, entre les pieds ; les intestins, à la droite du corps ; la rate à la gauche du corps ; des lambeaux de chair de l'abdomen et des cuisses ont été empilés sur une table ; le cœur a été retiré et n'a pas été retrouvé. »
J’émergeais en poussant un hurlement affreux, l'hurlement qui vous éraille les cordes vocales. Sous l’espace de quelques secondes à peine, Margaret s’engouffra dans ma chambre, elle posa sa main chaude et chaleureuse sur mon front suant. Elle tenta vainement de me calmer. Je portais une main à ma bouche, j‘avais encore cette vision horrible de ce corps inerte baignant dans les draps, une lame clouée dans le bassin. Margaret caressa ma joue, elle me fit sortir de mes songes obscurs, d'une voix douce et cristalline, elle lança :
« Toujours ce cauchemar ? »
J’acquiesçais, mes yeux se perdirent dans les ténèbres. Margaret me sonda du regard, anxieuse. Elle me connaissait mieux que personne, ce n‘était pas la première fois que je cauchemardais de scène macabre, j‘hurlais et parlais lorsque j‘étais dans les bras de Morphée, selon les dires de Margaret. Elle était ma sœur ainée, je l’aimais d’un amour profond qu’éprouve une petite sœur pour son modèle, je l’admirais. Margaret était si belle…Son visage était peint à la perfection, ou deux émeraudes brillait. Elle souriait toujours et riait aux éclats. Elle était convoitée par la gente masculine, certes, mais elle ne semblait pas s’intéressait à ses prétendants. Ma mère étant mourante, Margaret s’était chargé de mon éducation quitte à laisser sa vie de femme de côté. Bien que j’eus une mère, je ne l’ai jamais considéré comme telle. Etant victime d’une maladie dite incurable, elle passait ses journées allongée sur un lit. Mon père ? Il est partit lorsque ma mère avoua qu’elle portait un deuxième fruit de leur amour en elle. Par manque de courage, ou pour le peu de ressources financières qu‘ils possédaient. Il s’en alla. Ma mère n’y survécu pas, elle passé ses journées dans sa chambre. Elle avait certainement oublié qu’elle vivait après la disparition de son soit disant : « mari ». Margaret était âgée d’une quinzaine de printemps environ, je n’avais alors que sept hivers. Nous étions inséparable, je vivais le bonheur parfait. Malheureusement, vint le jour ou ma mère décéda de sa maladie. Nous furent séparés, Margaret et moi. Elle se retrouva dans un couvent de bonne sœur, elle me donnait souvent des nouvelles en m’expédiant des lettres. Quant à moi, je me retrouvais seule et abandonnée dans un vulgaire orphelinat. Je n’étais pas très douée dans le décryptage littéraire, alors je me faisais traduire les lettres par un garçon du nom de Léandre. Il était d’une culture épatante. Il avait trois étés de plus que moi. Dès mon arrivée, il me prit sous son aile, nous restions toujours ensemble. Je le considérais comme un frère. Peut-être plus…
Une matinée, j’appris le décès de ma sœur. Les conditions de vie au couvent était médiocre, l’état de santé de Margaret s‘était aggravé, on me raconta qu’elle avait une asthénie, elle devint faible et en décéda. Cette nouvelle m’avait anéantit, une sorte de désespoir frénétique avait germé dans mon cœur, mes membres devinrent d‘une lourdeur implacable, je me sentais attiré par le sol. Et soudain, Je vomis des pleurs, j‘avais tout perdu. Ma sœur était morte, je n’avais plus rien. Je n’entendrais plus son rire cristallin ? Je ne serais plus bercé dans ses bras chauds et chaleureux ? Ma vie était alors devenu misérable, plus rien ne m’intéressait, je m’étais enfermé dans un mutisme parfait. Je vivais dans mon monde. Cette vie dura trois années ou je n’adressais plus la parole à qui que ce soit. Certes, je n’avais jamais été bavarde, mais là j’étais muette. Je ne me faisais pas à l’idée que Margaret m’ait quitté pour rejoindre notre mère. Pourtant, un soir ou des perles liquides coulaient à flot en dehors de l’orphelinat, Il fit son entrée, et à une échelle plus importante, Il changea ma vie.
Chapitre II : Apologée d'une frénésie.
En cours ~~