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Ulrich Untereiner _PATIENT SAIN
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| Sujet: Erwartung [terminé] Mar 18 Jan - 22:55 | |
| Ulrich se tenait assis sur une chaise branlante, sans trop savoir comment il s'était retrouvé là. Après avoir rempli cet étrange formulaire, comme un automate de ces contes fantastiques qu'il lisait enfant, il l'avait rendu à la secrétaire, qui avait été surprise de savoir qu'il y avait eu la Guerre. Incroyable. Impensable. Personne ne pouvait ne pas savoir qu'il y avait eu la Grande Guerre, vingt ans plus tôt. L'Angleterre avait pourtant payé son dû dans ce conflit, comme les autres nations. Même si l'autrichien ne les avait jamais personnellement combattu, l'ardeur des Tommies à défendre le sol de leurs alliés français était parvenue jusqu'aux balkans. Ulrich n'était jamais allé sur le front de l'Ouest. Les empires centraux s'étaient divisés la tâche : l'Allemagne à l'ouest, l'Autriche-Hongrie à l'est. Tout aurait pu se passer différement si ces maudits français n'avaient pas gagné à la bataille de la Marne. Le plan Schlieffen mené jusqu'au bout, la France se serait rapidement rendue et la Russie n'aurait pas fait le poids contre la Triple Alliance à elle toute seule. Quoique Triple Alliance...bah ! Il aurait encore fallu que Victor Emmanuel III honore son serment. On ne pouvait décidement pas faire confiance aux italiens. Se tenir neutre dans le chaos de la Grande Guerre était une chose, mais c'en était une autre de tourner casaque et de rejoindre les Alliés ventre à terre. Ulrich sentit son ventre le brûler comme à chaque fois qu'il pensait aux transalpins. Les blessures infligées par ce fusililler italien restaient encore vives, malgré les vingt-deux années qui séparaient l'autrichien de la bataille de Vittorio Veneto. Quel désastre...dire qu'en été 1914, tout semblait si beau. Les jeunes garçons partaient au front, sous l'oeil admiratif de leurs pères et des oeillades des jeunes filles. On était sûr qu'avant septembre, on irait boire une bière sur les Champs Elysées et qu'on flânerait dans les rues à la recherche des petites parisiennes. Ulrich crut voir quelque chose bouger dans l'ombre non loin de lui. Par reflèxe, il porta sa main à son côté, comme s'il croyait y tirer son vieux pistolet, ce cher compagnon qui lui avait tant de fois sauvé la vie. Mais bien sûr, sa main ne rencontra rien. Un secrétaire même de lord ne se promenait pas avec une arme. Cela aurait choqué le standing anglais...
Dernière édition par Ulrich Untereiner le Jeu 27 Jan - 1:45, édité 1 fois |
| | | Cristal Fleming _PATIENT SAIN
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| Sujet: Re: Erwartung [terminé] Mer 19 Jan - 0:33 | |
| [J'aime ton entrée, t'as vraiment une manière de narrer qui me plaît ^^ A quand le livre, screugneugneu ! ]Chuuut il ne fallait pas faire de bruit ! Pourquoi ? Oh, eh bien parce que Cristal était lovée dans un coin de l'Atrium, les jambes repliées et entourées de ses mains blafardes. Elle se cachait. Tandis que son attention avait été attirée, lors de sa visite annuelle du quartier dans lesquels nombres de patients évoluaient, par les journaux calcinés, elle avait entendu un son -et ce, bien avant de voir quoique cela soit. Des frottements de pas, lourds, pesants. Mauvais présage. Et alors, elle a ressenti une peur reconnaissable, de celle qui s'agite au fond des tripes lorsqu'on craint pour sa vie. Figée, dans l'incapacité de prendre la poudre d'escampette, elle s'était lamentablement faite percluse par l'écho de simples semelles en cuir.
Qui était-ce ? Un docteur, une infirmière ? Quelque chose qui puisse être plus dangereux encore ?!
L'ombre s'était avancée de sa démarche trainante et s'était assise sur l'une des vieilles chaises de la salle, comme l'aurait fait un animal blessé mais trop repoussant pour qu'on ait le courage de lui porter secours. Et là, depuis son arrivé, il n'avait pas bougé d'un iota. Mais Cristal, elle, avait eu la présence d'esprit de se trémousser juste avant que la chimère ne prenne place. Ainsi, au milieu même d'une ombre coupée par l'angle de l'Atrium, elle lui jetait de constants coups d'oeil. Comme une jeune enfant cachée dans le placard qui espère se soustraire à la vue d'un inconnu fou et dangereux. Mais jusqu'à quand ? Oui, jusqu'à quand. Elle inspira très, très lentement, ferma ses poings et baissa ses paupières. Des fourmis courraient dans ses jambes, elle ne sentait plus ses orteils dorénavant. Dans l'espoir de calmer ses muscles ankylosés, Cristal ramena le bout de ses talons au plus proche de son corps, centimètre par centimètre, les dents serrées, la bouche close, les lèvres pincées dans l'espoir de retenir l'infime et silencieuse inspiration qu'elle eut bloquée depuis trente belles secondes. En vain, pas assez discrète.
Le sombre personnage s'articula dans toute son horrible splendeur, et il ramena sa main jusqu'à son flanc. Il n'en fallut pas plus à Cristal pour qu'elle réagisse, bien trop habituée par l'asile pour s'y laisser prendre. Elle se redressa tout de go, la main brandie vers ce qui ressemblait davantage à une chose 'masculine', faisant mine de le menacer avec un dangereux attirail. Arme, objet coupant, n'importe quoi. Même si, dans la réalité de son plus profond délire , il s'agissait juste du vide qu'elle détenait entre ses doigts. "Lâchez ce que vous avez attrapé !" couina-t-elle, les yeux exorbités et le souffle coupé.Gauchement, elle avança vers l'énergumène -sans baisser son bras pour autant, oh non- dans l'espoir d'apercevoir ce qu'il avait saisit quelques minutes auparavant. Mais il faisait trop sombre pour y voir suffisamment. Cristal mouilla sa lèvre supérieure, ébauchant un sourire de requin dont les dents, transparaissant par en dessous, donnaient la forte impression de se limer, rien que sous l'effet de cette soudaine mimique. Elle gloussa, méchamment, comme victime d'un complot."Ha..Hahaha ! Une seringue ? C'est une seringue, n'est-ce pas, j'ai raison?!Brusque regard vers la porte de l'entrée, avant de cibler de nouveau vers le danger. Son sourire coula alors de lui-même.." Écoutez moi bien, je compte pas vous suivre, d'accord ? Les infirmiers ils m'attendent, là, derrière, avec la camisole, encore une fois et vous êtes là pour m'emmener, je le sais, JE LE SAIS ! Mais je viendrai pas, oh non non non, qu'ils aillent tous se faire foutre ! TOUS "Elle invectiva l'homme d'un geste sec du menton, agitant sa main gauche qui brandissait ....brandissait quoi ? Elle ne savait plus, s'en rappelait pas, s'en contre fichait bien d'ailleurs"Allez, donnez-la moi, grouillez-vous. Ou sinon j'vous jure que je vous crève, là, de suite. Je vous le jure."Parce qu'on ne lui ferait pas subir ça encore une fois, c'était hors de question. Elle n'était pas folle, PAS FOLLE, comprenez-vous ?!
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| | | Ulrich Untereiner _PATIENT SAIN
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| Sujet: Re: Erwartung [terminé] Mer 19 Jan - 1:41 | |
| Ulrich avait décidement un problème avec le noir. Enfant, il avait toujours cru que quelque chose se terrait sous son lit, prêt à l'emporter s'il osait jeter le moindre coup d'oeil sous le sommier. La faute aux contes de Perrault, que sa grand-mère - elle avait des origines françaises - aimait lui narrer. Des histoires atroces à faire dresser les cheveux sur la tête. Le loup de Rotkäppchen qui dévorait la petite fille. Blaubart, qui assassinait ses épouses. En grandissant, Ulrich s'était plus au moins fait une raison mais les contes étaient toujours là, gravés dans sa tête, les monstres bougeant dans l'obscurité entra'perçue au travers de paupières mi-closes. Et puis il y avait eu les Balkans. Le jour on avait guère le temps de penser. On se mettait en rang, on plaçait baillonnete au canon, on chargeait, on ajustait, on visait, on tirait, on tuait, on esquivait, on priait, on voyait tomber les copains, on hurlait et on battait en retraite avant que le camp d'en face ne fasse la même chose. Comme un jeu de tennis, cela durait parfois des heures. Et puis il y avait la nuit. On bivouaquait dans des cratères d'obus, serré contre les camarades pour ne pas mourir de froid, respirant leur crasse et l'doeur de leur transpiration de la journée. Et pour éviter de songer aux horreurs vues quelques heures plus tôt, à son ami de toujours tombé en éclaboussant le sol de ses intestins, on chantait. On buvait. On parlait. C'était là que Ulrich avait appris des contes slaves. Comme celui de Baba Yaga, l'horible sorcière et sa maison aux pattes de coq. Plus d'une fois, dans le tréfonds des ténèbres, près des lignes serbes, il avait cru voir cette étrange maison, se dandiner dans le lountain. Mais c'était toujours fugace, immatériel, irréel. Est-ce que la sorcière était ici ?
Lâchez ce que vous avez attrapé !
Il sursauta. Un ordre. Une voix de jeune femme. De l'anglais. Il n'était donc pas seul ici. Sans compter l'étrange secrétaire, bien entendu. La femme avança jusqu'à lui la main gauche dressée. Elle semblait agiter quelque chose dans sa direction, comme pour le menacer. Sauf qu'elle ne tenait rien.
Une seringue ? C'est une seringue, n'est-ce pas, j'ai raison?!
Il put mieux la voir au fur et à mesure qu'elle s'approchait. Elle devait avoir dans les vingt-quatre ou vinq-cinq ans. Un regard fatigué, comme marqué par l'épreuve. Et une drôle de façon de se déplacer, un peu comme si elle avait du mal à mettre un pied devant l'autre. Autant lui montrer qu'il n'avait rien dans la main. Ca la calmerait un peu et il pourrait essayer de comprendre quelque chose à ce qui se passait ici. Le ton de la jeune femme se fit plus dur. Elle croyait qu'il faisait partie du personnel médical. Des infirmiers, ici dans ces ruines ? Quoique non, ce n'étaient plus des ruines puisque...
Allez, donnez-la moi, grouillez-vous. Ou sinon j'vous jure que je vous crève, là, de suite. Je vous le jure
Il plissa les lèvres. Ulrich avait été elevé à l'ancienne, il restait à cheval sur pas mal de principes. Comme celui qui disait qu'une dame devait toujours s'exprimer correctement par exemple.
Calmez-vous , dit-il d'une voix posée, matinée par un accent autrichien aisèment identifiable pour quiconque s'y connaissait un peu. Je ne suis pas un infirmier. Vous voyez ? Je n'ai rien dans les mains.
Il fit tourner ses mains dans un rai de lumière pour appuyer son propos.
Je ne vous veux pas de mal. Je cherche juste à comprendre ce qui se passe ici. Mon nom est Ulrich, dit-il en tendant la main. Dans le doute, mieux valait tenter une approche amicale. Ca lui avait sauvé la vie plus d'une fois au front.
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| | | Cristal Fleming _PATIENT SAIN
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| Sujet: Re: Erwartung [terminé] Mer 19 Jan - 15:33 | |
| Calmez-vous
L'étrange accent de l'homme la désarçonna un instant, elle ne s'y attendait guère. Une lionne farouche qu'on retient du bout de son fouet. Cristal ne baissa pas sa main mais fit l'effort de se taire. Muette, elle eut un mouvement de recul quand il lui dévoila son poignet au travers d'un rai de lumière.
Je ne suis pas un infirmier. Vous voyez ? Je n'ai rien dans les mains.
Coup d'oeil, en direction de sa paume, et les doigts qui semblent faillir un peu..
Je ne vous veux pas de mal. Je cherche juste à comprendre ce qui se passe ici. Mon nom est Ulrich
Il tendit sa lourde main vers elle. Cristal sursauta et, dans un geste longuement répété entre ces murs, elle ramena alors ses poings au creux de sa poitrine, les coudes contre son ventre. Envolée la posture d'attaque, envolés son courage et sa fougue.. Elle examina tour à tour la main tendue de l'homme et son visage encore dans l'ombre qu'elle n'arrivait pas à identifier, les sourcils froncés, le bouche entrouverte.
"Je.." commença-t-elle à dire.
Elle desserra légèrement sa poigne, amorça un mouvement timide, et fut d'ailleurs prête à baisser les armes..Si seulement elle n'avait pas été piquée à vif par son propre comportement -qui était loin de lui ressembler. Elle recula alors précipitamment, se cognant au passage contre la table, faisant tomber quelques morceaux de papiers noirs encore roussis.. Mais, bon dieu, qu'est-ce qui lui prenait ?! Qu'avait-elle tenté de faire ?! Lui serrer la main, le toucher ?! Encore des pas en arrière , histoire d'instaurer la plus grande distance entre elle et cet l'inconnu. Jusqu'à ce que son dos touche le mur de la pièce assez violemment. Une brûlure fulgurante se nicha dans sa colonne. Respiration fauchée, le coeur qui pompe sous vide.. Cristal lâcha une exclamation noyée par la peur de signaler sa présence, et ce dernier sortit en un murmure étranglé... Elle se plia en deux, les bras tendus vers l'avant dans l'espoir d'intimer à l'homme de ne pas bouger.
"Vous..restez..où vous êtes." lâcha-t-elle d'une voix enrouée. Dans sa tête, elle ne pouvait s'empêcher de penser : Et si cela n'était qu'un piège de plus, et si ce médecin tentait de la berner ? A moins que ce ne fusse un psychologue?! Oui, mais, vois-tu Cristal, si tu lui avais serré la main tout à l'heure, tu aurais pu savoir si cet homme était encore vivant -parce que cela, c'était une chose qu'on reconnaissait aisément.
Lentement, la douleur s'estompa. Cristal demeura là, haletante, échevelée, moulée dans le parfait petit rôle de cette cinglée qui lui collait si bien à la peau. Son regard noir alla vers la tâche large d'un homme dans l'ombre. Elle inspira tout de go, à fond, et se redressa, dans cet espoir inutile de croire qu'il suffirait de le faire pour se sentir plus forte, plus courageuse. Sa mine aux joues trop crayeuses était devenue impavide en surface (annotez le "en surface")
Elle se sentait fatiguée, si fatiguée , touchée plus profondément sur sa fin qu'elle n'aurait pu l'admettre, et ce, juste à cause d'une personne sans visage. C'était absurde, cela n'avait aucun sens, aucun ! Non, il n'y avait pas à avoir peur et puis...elle devait s'assurer que ce "Ulrich" ne mentait pas. Il est vrai qu'elle aurait pu s'enfuir à tout berzingue de la pièce, quitte à foncer droit sur d'éventuels infirmiers impatients, il est vrai que rien ne la retenait ici. Mais il y avait quelque chose, qui l'en empêchait... Telle un spectre particulièrement amochée, elle s'approcha une seconde fois de l'homme, attirée par cette symbolique malsaine d'un monstre tapis, d'une présence qui n'avait rien de matériel -et pourtant était-ce loin d'être véritable- même si une indicible frousse lui broyait l'estomac.
Cristal se tint devant lui, légèrement rébarbative. Puis..
"Excusez moi" lui dit-elle. Qu'elle s'excuse pour ce qu'elle s'apprêtât à faire, surtout. Elle attrapa alors la main que l'homme avait rabaissé, comme si cette dernière avait été la plus fragile au monde et l'enserra un peu. Petite pression, et ses yeux fixés sur son action car n'osant croiser le regard de l'homme, elle n'ajouta pas un mot. Elle fut soulagée de sentir un peu de chaleur sur sa peau..chaleur humaine. Et c'en fut assez pour qu'elle puisse enfin le lâcher, doucement toujours, et sans fuir cette fois. Juste caner sur la chaise d'à côté et concentrer son attention sur l'individu qu'elle ne distinguait que peu. Elle frissonna.
"C'est...c'est Cristal, moi c'est Cristal." |
| | | Ulrich Untereiner _PATIENT SAIN
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| Sujet: Re: Erwartung [terminé] Mer 19 Jan - 22:50 | |
| L'accent d'Ulrich avait clairement surpris la jeune femme. Il stupéfiait d'ailleurs généralement ses interlocuteurs. Il devait toujours articuler avec application tant son accent autrichien était à couper au couteau. Plus d'une fois, on s'était demandé pourquoi après presque vingt ans à parler anglais, Ulrich n'avait pas pris ne serait-ce qu'une miette d'accent britanique. La raison en était simple, l'austro-hongrois s'y refusait. Son pays, naguère un des empires les plus puissants d'Europe, n'était plus que cendres. On avait séparé l'Autriche et la Hongrie, fondu les balkans en un nouveau pays, la Yougoslavie, on avait dépouillé l'empire de ses biens, on l'avait occupé comme des charognards se partageaient la dépouille d'une bête morte. Alors Ulrich s'accrochait à son accent car au travers lui, l'Autriche Hongrie revivait. Quand il prononçait un mot, noyé dans ce timbre austro-hongrois, c'était Mozart qui jouait dans sa bouche, c'était une représentation de Hugo von Hofmannsthal au Burgtheater. Il faisait survivre son pays à son niveau. Et il le maintiendrait en vie jusqu'à en mourir.
Le comportement de la jeune fille changea du tout au tout. D'aggressive, elle se replia sur elle-même, peut-être encore plus apeurée quand il lui avait tendu la main que quand elle l'avait pris pour un infirmer. Malgré la pénombre, Ulrich reconnut un sentiment qu'il avait bien connu au front s'instiller dans la jeune femme. La panique. La peur totale et absolue, celle qui faisait bouger le corps avant de faire penser la tête. Celle qui irrigait les jambes en sang, dopant leur oxygène, neutralisant toutes les fonctions juges non vitales par le corps pour se concentrer sur la survie. Il aurait été faux de dire qu'Ulrich n'avait pas eu peur à la guerre. Il aurait été plus faux de dire qu'il n'avait pas eu peur. La mort n'était pas la chose la plus à craindre sur le front. On pouvait mourir tellement de fois au cours d'une journée qu'on finissait par accepter ce fait et ne plus y penser, comme lorsque l'on sortait dans la rue alors que des nuages gris envahissaient le ciel. On savait qu'on allait se faire tremper mais on y allait quand même. Mais la panique c'était autre chose. Elle était là, nichée au creux du ventre du soldat, comme un serpent enroulé sur lui-même. Puis, elle se déployait, s'infiltrant partout, parasitant la moindre pensée cohérente, donnant un goût de bile à la nourriture. Et souvent, elle conduisait à la mort. Par mort, par gaz, par enfouissement, peu importe. Le résultat était là. Neuf fois sur dix, la peur vous prenait par la main et vous conduisait jusqu'à la Grande Faucheuse. La peur était plus redoutable que les shrapnells. Une grimaçe de douleur déchira les traits de la jeune femme alors qu'elle lui intimait de ne pas bouger. Etait-elle blessée ? Fallait-il la conduire chez un médecin ? La femme se redressa lentement et serra la main de l'autrichien avant de prendre place à ses côtés sur une chaise.
C'est...c'est Cristal, moi c'est Cristal.
De quoi aviez vous peur Kristall ? Puis-je vous aider ?
En plus de son accent austro-hongrois, Ulrich avait l'habitude quasi mécanique de germaniser le nom des personnes avec lesquelles il parlait. Une vieille habitute, prise dans sa jeunesse, qui ne le quittait pas, même des années plus tard. |
| | | Cristal Fleming _PATIENT SAIN
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| Sujet: Re: Erwartung [terminé] Jeu 20 Jan - 17:59 | |
| Cristal balançait ses jambes d'avant en arrière, non pas de manière détendue mais plutôt comme dans l'espoir d'en résoudre ses craintes. La pointe de ses pieds touchaient à peine le sol, assez pour ôter une fine pellicule de poussière et l'envoyer balader quelques centimètres plus loin. De temps en temps, elle se risquait à regarder sur le côté, histoire de s'assurer que la présence nommée "Ulrich" n'avait pas disparu, qu'elle ne fusse pas une de ses hallucinations quotidiennes. Assise sans véritablement être à l'aise, droite comme un 'i', sa bouche close laissa le lieu plonger dans silence qu'elle voulait religieux. Religieux, oui. Il y avait quelque chose de malsain dans cette imagination qu'elle avait sciemment fondée. Elle s'était en effet abandonnée aux tréfonds de son délire, emportée par l'ivresse d'imaginer. Encore et toujours cette imagination malsaine qui ne lui allait que trop bien. L'homme, en soit un patient tout aussi vivant que le fusse Cristal et qui transpirait cette douceur ouatée, cette bonhomie liée à l'âge, n'avait rien de la bête tapie dans le coin mal éclairé d'une pièce. (on pouvait d'ailleurs supposer qu'il s'agissait là plus de Cristal.) Il était même loin de l'individu sans visage, au masque sans attrait, à l'histoire sans passé que Cristal eut créée de toute pièce. En vérité au plus profond d'elle-même, Cristal le savait très bien. Elle était consciente que toute cette mascarade onirique s'arrêtait à un point de non-retour qui ne débordait jamais sur la réalité (cela pouvait peut être dépasser le sommeil paradoxal, et ça s'arrêtait là.). Mais c'était la symbolique qui lui plaisait. Le fait de se persuader que dans cet asile tout était mis en oeuvre pour effrayer, que les chimères elles-mêmes pouvaient ainsi prendre vie et rogner les sangles de la "bonté". Le malin se cachait en chacun..elle en était certaine. (preuve à l'appuie : Cristal fut témoin mais aussi victime de ce phénomène.)
De quoi aviez vous peur Kristall ? Puis-je vous aider ?
Ses jambes cessèrent de s'agiter. Elle tourna sa tête vers lui, et sourit un peu à l'évocation du mot "Kristall", implanté dans la phrase comme s'il était le maillon faible. Quel était donc cet accent ? Cristal n'en avait jamais entendu de semblable de toute son existence -courte, il fallait l'admettre. Peut être allemand, ou polonais..comment savoir.
"Non vous ne pouvez pas." répondit simplement Cristal, l'air grave.
Tant qu'à faire, mieux valait ne pas y aller par quatre chemins et lui dire qu'il n'y avait pas grand chose à tenter dans de telles circonstances. Il ne pouvait pas la faire sortir de cet asile, il était tout aussi dépendant de l'endroit qu'elle le fusse -quoique, peut être un peu moins. Quant à savoir de quoi elle avait eu peur, sujet qu'elle avait évité en toute connaissance de cause, c'était une chose toujours difficile à admettre. Deuxième fois, d'ailleurs, qu'on lui posait la question de ce dont elle craignait.
Au début, en surface tout au plus, elle avait eu peur que ce "Ulrich" fasse partie du personnel de l'asile. Mais derrière cela s'imbriquaient beaucoup de petites hantises qui, une fois combinées ensemble, mettaient en marche une véritable psychose.
De ce fait, comment lui expliquer, au milieu d'une sale noire et froide...comment faire pour lui dire que..
J'ai peur de mourir parce que je me demande alors si je deviendrai ces esprits qu'on voit se balader dans l'asile. J'ai peur lorsque je pense à mon avenir bousillé, violé par quelque chose que je ne connais pas. J'ai peur de trop souffrir, de faire souffrir et puis, aussi, de ne jamais pouvoir sortir d'ici. Mais plus que cela, j'ai peur que ma vie me soit de nouveau rendue, et que je retombe dans le cauchemar de la dépression et d'un manque de confiance en soi injustifiable. Alors que dois-je faire ? Vous pouvez m'aider ?
Non, évidemment que non, il ne le pouvait pas.
Néanmoins elle était tentée de répondre à sa demande. Non pas parce qu'elle tenait à faire preuve de politesse, mais plus car parler à un individu caché de la sorte par le noir lui plaisait -elle devait l'avouer. Elle trouva alors un compromis.
"Je n'arrive pas à vous voir, est-ce que vous pourriez vous approcher du rai de la lumière pour que.." soudain elle se tut, au plein milieu de sa phrase. Derrière la porte qui donnait vers le couloir, elle avait cru percevoir des bruits. Encore une fois. Etait-ce possible que cela ne soit rien de plus que son imagination débordante ?
"Vous..vous avez entendu?" demanda-t-elle en chuchotant.
Elle descendit de sa chaise un peu trop vite, manquant de sa ramasser de tout son long (il fallait dire que son équilibre défaillant n'était pas que mental.) Époussetant son pantalon pourri, mimique machinale et grotesque dans cette situation, elle eut les tripes de s'approcher de la porte d'entrée. En trois grandes enjambées mais quand bien silencieuses, son visage concentrée...elle colla doucement son oreille contre le monceau de bois qui les protégeait un peu.. Enfin, qui les protégeait, bien grand mot. Avant qu'elle ne puisse dire ouf, la porte s'ouvrit à la volée, l'envoyant à terre comme si elle n'avait été rien de plus qu'une poupée de chiffon. Lorsqu'elle releva la tête, son coeur sembla se briser, rien que ça.
Un homme à la blouse blanche arrangea le socle de ses lunettes sur un regard trop formel. Un infirmier, c'était un infirmier.
"Mademoiselle Fleming, vous n'avez rien à faire ici, veuillez me suivre." lui dit-il, automate d'un cauchemar sans nom.
Cristal se traina à terre pour s'éloigner de cet homme. Elle se savait plus quoi faire, comment se comporter, prise de court par ce brusque revirement de situation.
L'infirmier fit un pas en avant.
"Mademoiselle Fleming..."
"NE BOUGEZ PAS!" beugla-t-elle.
Un coup d'oeil furtif vers Ulrich toujours caché dans l'ombre, et son visage se décomposa subitement, frappé de plein fouet par la stupeur.
"Vous! C'est vous qui avez...." incapable d'en ajouter davantage.
Et dire qu'elle avait été prête à le croire, à lui faire confiance! Elle n'en revenait pas...Pourquoi ?! Mais POURQUOI ?! L'infirmier, quant à lui, ne fit pas cas de son comportement. Après tout, il n'était pas rare qu'une folle s'adresse à quelqu'un qui n'existait pas. Mais surtout, c'est qu'il n'avait pas eu la présence d'esprit de regarder sur le côté. Aurait-il alors saisi qu'il y avait bel et bien un homme encore tapis, à moitié invisible!
Une foulée de plus vers Cristal, et cette dernière qui montrait les dents, prête à mordre, message clair signifiant : Tu mtouches , jte bouffe. Elle ne se laisserait pas faire, elle connaissait, elle savait ce qui pouvait l'attendre si jamais cet infirmier posait sa sale patte sur elle. Elle l'avait déjà dit, elle le répétait maintenant : pas question qu'on l'embarque.
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| | | Ulrich Untereiner _PATIENT SAIN
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| Sujet: Re: Erwartung [terminé] Ven 21 Jan - 0:30 | |
| Cristal refusa de répondre. Elle détourna la tête et la secoua en signe de dénégation. Sans doute était-elle plus au courant que lui de ce qui se passait dans ce lieu étrange, lui qui n'arrivait toujours pas à comprendre comment ce qui n'était que ruines à l'extérieur, paraissait si vivant à l'intérieur. Enfin, vivant, il ne fallait pas exagérer. Plutôt un simulacre de vie, l'image de refleterait un miroir brisé. Même sur le front, Ulrich n'avait pas connu cette impression de fausse vie. Car à la guerre, plus la mort était présente, plus les soldats vivaient. Ils savaient que parmi leurs camarades, certains tomberaient demain. ils savaient que dans quelques heures, ils pourraient mourir d'une balle, d'une explosion, d'un éclat, de leurs blessures, des infections, de la dysenterie. Alors, comme l'ombre s'étendait chaque jour d'avantage, les hommes tentaient de faire briller le soleil. Ils chantaient, ils jouaient, ils plaisaintaient, ils buvaient, ils mangeaient, ils allaient au bordel. Parce qu'ils savaient très bien que dans leur timbale de fer pouvait se trouver leur dernier rata.
Cristal interrompit le fil de ses pensées en lui demandant de se pencher en avant, dans le rai de lumière, pour qu'elle puisse mieux le voir. Il était vrai qu'on y voyait que goutte dans cette sombre salle. Pour l'amour de Dieu, ne pourrait-on pas disposer de fenêtre dans ce bâtiment ? Il allait avancer le visage dans la lumière quand la jeune femme se braqua, pensant avoir entendu un bruit. Tant qu'elle en tomba à terre avant d'aller coller son oreille contre une porte toute proche. Mal lui en pris puisque ladite porte fut ouverte brusquement, projetant brusquement Cristal à terre. D'instinct, Ulrich était prêt à bondir pour l'aider à se relever. Mais la présence d'un infirmier, en blouse blanche, changea la donne. L'homme ne l'avait pas vu. Il était centré sur Cristal, lui ordonnant de le suivre. Et assurement, elle ne le voulait pas, tant elle se traînait à terre pour échapper à l'infirmier. Ulrich était face à un choix. Il pouvait s'effacer et laisser l'infirmier capturer la jeune femme. Après tout, peut-être avait elle effectivement besoin de soins. Mais Ulrich était de la vieille école. Et pour lui, on ne brutalisait pas les dames, quel qu'en soit la raison. Ce fut donc pour cela qu'il se dressa lentement dans le dos de l'infirmier qui avançait vers Cristal et lui abattit avec fracas la chaise branlante sur l'occiput. L'autrichien avait un côté un peu frustre. |
| | | Cristal Fleming _PATIENT SAIN
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| Sujet: Re: Erwartung [terminé] Sam 22 Jan - 20:35 | |
| Trahie, trompée, bernée, et elle qui s'était jurée de ne faire confiance à personne. A personne. Mais , évidemment, il avait fallu qu'elle soit attirée par une ombre rudimentaire, pâle reflet du monstre analogue à celui qui ronronnait dans le creux de son esprit. Et maintenant ? Maintenant, Cristal sentait que la pilule allait passer de travers. Mais vraiment, de travers. Elle recula encore, précipitamment. Elle était incapable de décrocher son regard de l'infirmier, ce dernier occupé à fouiller dans sa poche. Sans aucun doute pour en sortir un calmant ou une seringue... ...attendez, attendez une seconde.. avait-elle dit seringue ?! Choc. Cristal pâlit à vue d'oeil.
Cette hypothèse suffit pour que son visage agressif ne soit plus que des traits tirés par dessus une expression d'immense inquiétude. Elle ravala sa salive, prise d'un vertige soudain. Sa frousse remontait en soupape, lui faisait perdre la notion de l'heure, du lieu, de la raison même de sa présence ici. Il fallait la comprendre,avec des seringues, on pouvait vous emmener là où bon semblait, on pouvait aussi vous ankyloser toute entière, ou vous enflammer les muscles jusqu'à ce que même trembler ne soit plus une option envisageable. Alors oui, elle ressentait une lourde frayeur..qui la rongeait à l'os. Elle avait l'impression que les murs se rapprochaient d'elle, que le monde tournait, tournait, dans un sens qui n'avait strictement rien de circulaire.
Frisson, trouble, Cristal leva bras au dessus de sa tête, ferma les yeux, replia ses jambes et les ramena contre son ventre. Elle voulait qu'on la laisse. Qu'on la laisse tranquille..ou alors qu'on la tue, comme ça elle n'aurait plus à sentir...à sentir ça, cette chose, qui remuait à l'intérieur de ses entrailles.
BAM. Un bruit fracassant. La foudre qui s'abattait sur sa tête. Bien sa veine.. Elle cala sa tête dans le creux de ses épaules, les paupières toujours baissées, pour, la minute d'après, n'entendre que le silence. Un silence de mort.
Encore tremblante, il lui en fallut beaucoup pour se décider à relever son visage et regarder devant elle. Elle vit alors que l'infirmier était à terre, inconscient. Derrière lui se tenait Ulrich, une chaise à la main.
"Vous..vous l'avez assommé?" murmura-t-elle, sans croire à ce qu'elle disait, à ce qu'elle voyait.
Alors, comme ça, il ne l'avait pas vendue? Un coup d'oeil frénétique en direction de l'homme effondré, puis vers Ulrich, puis encore une fois vers l'infirmier.... ...Et elle saisit l'ampleur de la scène, le merdier dans lequel ils venaient tout deux de se fourrer. Au lieu de s'emballer face à la situation minée qui risquait fort d'exploser dans les heures à venir, au lieu de fuir au plus vite dans l'espoir d'avoir une petite chance de ne pas regretter d'être restée ici, elle....pouffa. Doucement, d'abord et puis ce fut un véritable fou rire.
Tellement surprise par sa propre euphorie, elle posa ses mains sur sa bouche comme si elle avait pu proféré des injures. La tête dodelinant de gauche à droite, les larmes aux yeux, elle semblait être de plus en plus emportée..au bord de la crise de nerfs.
"haha..Assomé...avec une..une CHAISE haha!"
Sourire de fou entraperçut entre ses doigts qui tenait rôle d'une muselière...elle n'y croyait pas, n'arrivait pas à s'en faire une raison. Impossible, déraisonnable, il était malade..complètement malade ! Cristal se calma un peu, renâclant, essuyant d'un revers de manche ses yeux encore humides. Elle se pencha en avant et, avançant à quatre pattes, s'approcha timidement de l'infirmier. Elle toucha la manche du soignant, très vite, comme de peur de se brûler, puis, voyant que ce dernier ne réagissait pas, elle en vint à taper avec plus de vigueur.
"Eh oh!" gloussa-t-elle, admirative.
Rien, aucune réaction. Elle envoya une œillade à Ulrich et s'aperçut alors qu'elle pouvait, pour la première fois, le regarder pleinement. La bête au masque noire s'en était allée, tout comme la conscience de l'infirmier. Ulrich semblait porteur d'une étrange maladie, mais de cette maladie constante qui ne se résous jamais. Le teint olivâtre, maigre, et un visage aux rides communes. Il était un homme marqué, c'en était certain. Peut être plus marqué que Cristal elle-même. Un souvenir qui a laissé sa part de séquelles..qui semble avoir pris sa source en dehors de l'asile. Cristal aurait pu ressentir de la sympathie envers l'homme esquinté, si seulement elle n'était pas devenue cette femme irrémissible. Alors, lorsqu'elle discerna l'expression fugace qui passa sur le visage hâve d'Ulrich, elle retint juste une nouvelle crise de rire.
"Faut qu'on parte d'ici, et vite..il va se réveiller tu sais." lui fit-elle savoir, sa face rayonnante. Elle en avait oublié, pour le coup, de le vouvoyer, piquée par le sentiment d'être son entière complice.
Elle se releva, fiévreuse, secouée, chancelant sur ses pieds.
"Ils se réveillent toujours, à un moment ou à un autre. - ajouta-t-elle en posant une main sur sa nuque- C'est pas des gens comme nous..c'est pour ça. "
Elle s'approcha d'Ulrich en zigzaguant légèrement, de gauche à droite. Son regard avait des difficultés à cibler une zone précise. L'après coup lui foutait un drôle de mal de crâne.. Mollement, elle pointa son index en direction de la porte...du moins un peu à gauche de cette dernière.
"Par là, on doit fuir, avant qu'il arrive."
Qui risquait d'arriver ? La lourde symbolique du coup de ripaton, de trique, le méchant loup.
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| | | Ulrich Untereiner _PATIENT SAIN
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| Sujet: Re: Erwartung [terminé] Dim 23 Jan - 1:18 | |
| Ulrich avait à peine réfléchi quand il avait frappé avec la chaise l'infirmier. D'ailleurs, c'était bien le fait que l'homme n'était rien de plus qu'un infirmier qui avait motivé ce geste. L'Autriche ne connaissait pas d'elle-même la démocratie. Le peuple n'avait pas pour habitude de contester les décisions de son gouvernement. On ne voyait guère de manifestations ou de grèves à Vienne. Cet état d'esprit se mariait avec un certain respect des notables. Un autrichien qui se respecte n'irait pas s'en prendre à un instituteur, à un noble, à un notaire ou encore à un médecin. Mais un infirmer...bah ! Après tout, le mal était fait. Et il n'aurait pas dû s'en prendre à la jeune femme ainsi. Même si elle avait des problèmes de santé mentale, un gentilhomme ne pouvait agir ainsi sans conséquences. Ulrich venait d'inculquer une lecçon de savoir-vivre à l'aide-soignant. Comme le disait si bien Herr Wendel, son précepteur, "avec des coups de badine, l'esprit enmagasine plus vite".
Cristal mit du temps à réaliser ce qui venait de se passer. Comme si elle avait été persuadée jusqu'au bout que l'austro-hongrois ne bougerait pas d'un cil alors qu'elle allait être malmenée. Puis elle se mit à rire devant la situation. Un de ses rires invincibles, tel qu'Ulrich avaient piqués sur le front, pour évacuer leur mal-être. En connaissance de cause, il attendit que la crise passe. Ca allait toujours mieux après. Et effectivement, la jeune femme se calma. Elle alla vérifier si l'infirmier était bel et bien - quelle était cette expression anglaise déja ? Ah oui - Knock Out. Il l'était. Ulrich n'avait pas passé quatre ans à patauger dans les Balkans et en Italie sans savoir comment frapper. Au corps à corps, les fusils devenaient inutiles bien que certains utlisaient des baionnettes, parfois de fortune, pour se défaire des serbes ou des italiens. Mais le plus souvent on en était réduit à se battre à coup de couteau, de pelle ou à mains nues. Ou encore de bâton. L'infirmer en aurait pour de longues minutes de sommeil. S'il se réveillait. Quelque chose que dit Cristal lui fit dresser l'oreille :
C'est pas des gens comme nous..c'est pour ça
Si la Grande Guerre avait appris quelque chose à Ulrich c'était bien que tout le monde était semblable. Sous l'uniforme, tout le monde saignait, tout le monde mourait. Sans doute, la remarque de la jeune femme était à prendre à un autre degré. Mais ils n'avaient pas le temps de penser à ça. Elle les encouragea à fuir par une des portes. Ulrich haussa les épaules : pourquoi pas, après tout ? Fuir ici ou ailleurs ? Il se glissa à la suite de la jeune femme, franchissant la porte juste après elle. Alors qu'ils se hâtaient dans les couloirs obscurs, l'autrichien s'autorisa une remarque. Il ne savait absolument pas où ils allaient mais ils s'y rendaient. Et plutôt vite en plus. |
| | | Cristal Fleming _PATIENT SAIN
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| Sujet: Re: Erwartung [terminé] Lun 24 Jan - 6:47 | |
| Un couple de corbeaux virait vers l'ouest dans l'espoir de se nicher et, sitôt cela fait, d'attendre au lendemain pour filouter. Une Torpédo Dodge 4X4 tournait à l'angle de la cinquième rue. Le soleil était sur le point de se coucher ; on pouvait déjà apercevoir le liseré rouge. Et une petite fille qui ne devait être âgée que de dix ans, , ire, comme sur le point de s'envoler, courrait à en perdre haleine. Derrière elle un garçon suivait ses pas et, chose étonnante, il n'arrivait pas à la rattraper. Il fallait dire que Cristal, elle avait toujours fait de grands pas. Toujours.
"Vite, dépêche-toi!" cria-t-elle sans se retourner, manquant d'éclater de rire. Et le bambin de la suivre de son mieux. Encore deux artères étroites qu'ils dépassèrent à vive allure puis Cristal s'arrêta enfin, pliée en deux et les mains posées sur ses genoux, à bout de souffle. Son compagnon ne tarda pas à la rejoindre. Si lui avait les joues rouges d'avoir trop couru, Cristal gardait irrémédiablement ce teint cireux, blafard, affreux à voir.
"Tu... as vu la tête qu'il a fait.... le vieux Sinclair ?! Haha...une escarmouche... et Zlan!
Le gamin resta silencieux..De temps en temps, il regardait en arrière pour s'assurer que plus personne ne les prenait en chasse. Une fois ayant récupéré, Cristal se frotta les mains avec énergie, insolite poupée de porcelaine au stoïcisme troqué à bas prix, et fouilla dans sa poche où elle en ressorti deux bonbons. Un rouge et un jaune.
"Alors...un pour moi - et elle mit en bouche le jaune, sans se faire prier - et un pour toi !"
Elle lui tendit alors la sucrerie, le visage rayonnant. Mais le garçon ne fit pas un geste.
"Pourquoi t'as fait ça Cristal ? Moi j'aime pas voler..."
Cette dernière ferma les yeux, exaspérée.
"Ecoute, Jacky, c'est rien,Okay ? Le vieux Sinclair il en a plein les bocaux de ceux là. Allez, vas y, prends !" et elle lui agita la friandise sous le nez. Pour son âge, elle était douée lorsqu'il s'agissait de tourner la situation à son avantage et débiter d'excellentes excuses pour alléger la conscience. Surtout celle des plus jeunes, qui s'y laissaient prendre trop vite..bien trop vite. Le garçon céda, et mangea son bonbon sans dire un mot.
Une semaine plus tard, de toutes évidences, Madame Fleming eut une très mauvaise surprise lorsqu'elle alla acheter son pain chez Monsieur Sinclair. Elle en vint demander à son mari de donner une correction à leur fille , ce dernier comme las d'aller chercher -encore une fois!- la ceinture en cuir noir, et fit part de l'incident à Madame Maxwell. Car son fils n'était apparemment pas étranger à l'histoire. Le petit garçon fut privé de dessert durant un mois, et dut travailler chez le vieux Sainclair en gage de plates excuses.
Lorsque Cristal croisait l'enfant dans la rue, elle affichait toujours ce sourire innocent, gorgé de gentillesse. Et au fond du coeur, jamais un seul remord. Jamais un seul.
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Mais la joie d'être spectatrice de souffrances. Un exutoire jubilatoire et ce, malgré les risques et les punitions.
Apercevoir l'infirmier ainsi à terre avait rendu Cristal folle de joie (et le sens figuré, dans son cas, n'est pas franchement envisageable ). Et au diable ce qui pourrait se passer plus tard, elle était loin de cerner l'ampleur du désastre tant elle se sentait hilare. Rien que le fait de repenser à cette silhouette écroulée, sans vie, impuissante, véhiculait en elle l'envie de bondir, de rire au nez de cet asile qui se croyait si puissant, si inébranlable...ah, la belle ineptie !
Une fois qu'elle eut franchie la porte de l'Atrium, Cristal s'arrêta un moment. Elle voulait graver à jamais l'image d'un infirmier ayant perdu connaissance. Une raison suffisante, d'après elle, pour clamer la victoire. Sa victoire Qui étaient les plus forts, dorénavant, et qui étaient supérieurs ? Hein ? Elle se retourna, et son sourire goguenard claqua soudain, tel une vieille ampoule. Son sang, lui, ne fit qu'un tour. Un instant de stupeur, le coeur qui sursaute tellement qu'il s'accroche à la gorge et espère ne plus jamais redescendre de peur d'être avalé par un vide béant nommé : l'épouvante. L'infirmier il...n'était plus là. Disparu, volatilisé.
Une seule seconde pour percuter pleinement, et puis, la fuite.. Elle s'était alors mise à courir, à courir plus vite encore. Lâcheté impulsive, la soucis de sa propre petite personne qu'on veut protéger..un mélange de pathétisme et d'égoïsme pur. Et puis, aussi, créer la plus grande distance possible entre elle et la pièce qu'elle venait de quitter. Ulrich la suivait de près, étonnamment endurant. (oui, parce que pour suivre Cristal, il fallait en vouloir !) Dans sa course elle ne parlait pas. Les mots lui restaient en travers du gosier. C'était comme si elle craignait qu'en avouant ce qu'elle venait de voir, elle attirerait alors le corps médical de l'asile au complet. Peut être était-il d'ailleurs déjà à leurs trousses, ou bien collés à leur baskets à rire de leur frousse, de leur vaine tentative de fugue. Car après tout, où pouvaient-ils bien aller. Oui, où aller ?!
Le couloir qu'elle traversait ressemblait de plus en plus, à ses yeux, à un tunnel qu'on eut tenté d'étirer à l'infini. Quant aux portes, une belle promesse de tourner en rond dans ce qui était devenu un labyrinthe. C'est à ce moment là, que Cristal songea qu'il ne servait plus à rien de courir...que c'en advenait tout bonnement inutile. Le piège se refermait, la dure réalité glougloutait en surface, papa et sa ceinture en cuir n'était pas loin.
Cristal ralentit l'allure et passa au pas, la respiration poussive. Elle fit un tour complet de cent-soixante degrés, puis s'adossa au mur, lorgnant Ulrich de ses deux yeux usés.
"Je..Je suis désolée" dit-elle d'une petite voix, les mains le long de la paroi rugueuse et sale .
Et c'était bien la première fois que la politesse signifiait pour elle bien plus encore. C'était un pardon général, pour ce qu'elle avait toujours été.. rien d'autre qu'une femme qui se joue des autres et qui croit pouvoir passer outre. Et sans doute que cela ne changerait-il jamais.
Néanmoins, présentement, elle aurait donné tout l'or du monde pour être différente.
"Ulrich, on va pas s'en tirer, je..." elle se tut un moment, fermant les yeux, inspirant à fond.
"..J'aurais dû le laisser m'emmener, désolée, je suis désolée.." s'évertua-t-elle à répéter, se laissant doucement glisser à terre, appuyant de plus bel sa tête contre le ciment dur.
Son regard vers le plafond, sa poitrine qui se soulève avec une difficulté monstre, comme si elle étouffait sous le poids de la culpabilité. Le pardon, elle l'avait tant de fois répété. Pardon papa, pardon, je suis désolée..jamais plus je ne recommencerai. Jamais..non..pourtant, pourtant ! Ses prunelles sombres dans le vague, qui se souviennent, qui croient même apercevoir de nouveau. Et puis, soudain, le visage de l'infirmier qui papillonna durant une infime seconde. Heurt, elle sursauta, posa ses paumes glacées sur les dalles recouvrant le sol.
A trois mètres de là, dans le même temps, un son se fit entendre. Caractéristique d'un bocal en verre ou en plastique dur qu'on laisse tomber.
"Ulrich, Ulrich" chuchota Cristal, désespérée, ses deux yeux agrandis par l'effroi.
Elle aurait tellement voulu ne pas être si faible, tellement voulu..Mais il lui fallait encore regarder l'homme, encore l'appeler, encore s'assurer de n'être pas seule à souffrir de cette situation. Rien qu'un abject vouloir individualiste, au final.. Et là, là, ce fut le moment que les chimères choisirent pour pour se manifester.
Cinq infirmiers. Dont l'un d'entre eux, celui que Ulrich avait assommé. Ils avançaient d'un pas hâtif, comme prévenus par on ne sait quel gardien que deux aliénés foutaient le bazar à l'Atrium au point d'avoir agressé un membre du personnel. Ils étaient bien loin d'être ces fantômes qu'on croise dans les films d'horreur, bien loin de ces hommes aux sourires sadiques et à la face démente, mais immensément plus effrayants. L'un des infirmiers tapota quelque chose qu'il tenait dans sa main droite.
"Monsieur Untereiner, Mademoiselle Fleming..si vous coopérez tout se passera pour le mieux, vous verrez."
Encore à terre, Cristal semblait avoir envi de s'encastrer dans le mur et ainsi passer à travers et se faire oublier. Trois hommes prirent Ulrich à parti, tant bien qu'elle ne put plus le voir. Et cette constatation lui fit l'effet d'un coup d'électricité.
"Non.." souffla-t-elle, se relevant de go.
Les deux derniers soignants s'approchèrent alors d'elle. Mordue par une horrible injustice, elle se dressa sur la pointe de ses pieds, tenant à apercevoir son allié par tous les moyens.
"Qu'est-ce vous lui faites, QU'EST CE QUI SE PASSE!" hurla-t-elle, hors d'elle, la rage prédominant sur sa peur.
"Calmez-vous, tout va bien se passer." radota l'un des deux infirmiers.
Subitement, l'autre lui attrapa le bras. Cristal recula, tout juste assez pour que le premier la tienne par les épaules. Elle s'emballa, se démena corps et âme, s'agitant dans tous les sens. Qu'on la lâche, qu'on la lâche ! Elle sentit quelque chose, contre son cou, la main d'un des deux monstres sur elle..et puis, une douleur, fulgurante. L'infirmier qui était en face d'elle venait de lui enfoncer une aiguille..comme du fer, dans du beurre, et la bouche qui n'ose remuer..ou alors, qui ressent trop de difficultés à le faire.. ...elle vacilla, choquée, jusqu'à ne plus savoir, jusqu'à avoir envie de hurler son impuissance...
"Je...lui..que faites-vous.."
Une oeillade imprécise, et le peu de lumière qui s'éteint... Avant de sombrer. |
| | | Ulrich Untereiner _PATIENT SAIN
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| Sujet: Re: Erwartung [terminé] Mer 26 Jan - 0:33 | |
| Ulrich progressait doucement dans les ténèbres de l'asile. Pas tant parce qu'il craignait de trébucher ou de faire une mauvaise rencontre mais sa peur du noir le saisissait à la gorge. La plupart du temps, il n'y songeait même pas à sa nyctalophobie. Elle était quelque part en lui, il la sentait mais il avait d'autres préoccupations durant la journée que se mettre aux introspections. Dès que les bougies étaient soufflées en revanche, dès que les lumières électriques étaient coupées, sa peur revennait avec la vitesse d'un cheval de course et le frappait en pleine poitrine. Les symptomes étaient toujours les même. Suées froides. Lèvres qui tremblaient. Gestes mécaniques, sacadées. Coeur qui battait à s'en rompre un ventricule. On pouvait remercier le raid des italiens sur leur camp, en 1917 pour lui avoir donné cette frousse. La bataille avait duré tout le jour et une fois le soir tombé, Ulrich et ses camarades s'étaient agglutinés sous des tentes en toile de jute grossière pour reprendre des forces avant le lendamain. Et alors qu'il devait être une ou deux heures du matin, et que la nouvelle lune cachait tout mouvement sur le no man's land, un cri terrible se répendit comme une trainée de poudre dans le camp austro-hongrois :
Achtung ! Italiener !
Les italiens avaient équipé à la hâte un petit escadron de cavaliers qu'ils avaient jeté sur le campement autrichien. La bataille fut brutale, sanglante et coûteuse pour l'Empire d'Autriche-Hongrie. Ulrich y perdit nombre de camarades et depuis cette bataille, il ne pouvait fixer les ténèbres sans entendre parfois le galop des coursiers toscans. Ce fut pourquoi, occupé à surveiller les alentours, il ne fit pas vraiment attention aux remarques de sa nouvelle alliée, ni ne comprit très bien pourquoi ils s'étaient mis à courir. Cristal stoppa brusquement et se confondit en excuses. Elle s'en voulait de ne pas s'être laissée enemenée par l'homme la première fois. Elle craignait d'avoir précipité l'autrichien dans les ennuis. L'ancien soldat de François-Joseph se garda bien de signaler que se retrouver avec des gens dans un asile censé être abandonné depuis trente ans était déja singulier en soi et qu'elle n'avait rien à se repprocher. On s'approcha d'eux alors que la jeune femme s'abandonnait à la peur. Ulrich lui, ne sentit pas une pointe de terreur s'insinuer en lui. Lorsque on avait passé quatre ans dans la plus effroyable boucherie de l'humanité, cinq hommes n'allaient pas l'effrayer.
Monsieur Untereiner, Mademoiselle Fleming..si vous coopérez tout se passera pour le mieux, vous verrez.. Herr Untereiner s'il vous plaît, corrigea Ulrich d'un ton sans appel.
[i]Les infirmiers ne répondirent pas, se bornant à se séparer. Trois hommes en blouse sur l'autrichien, deux sur l'anglaise. Ils ne perdirent pas de temps avec Ulrich, voyant qu'il était tout sauf disposé à coopérer. L'autrichien donna un coup sec de la paume de la main dans le nez d'un de ses assaillants. Il hurla, le sang coula. Ulrich savait très bien qu'ils allaient le droguer dans quelques secondes mais il aurait au moins la satisfaction de ne pas leur faciliter la tâche. Coups, grognements, cris du côté de Cristal. Ulrich fut finalement stoppé par une injection de sédatif massive dans sa cuisse. Il grommela quelques insultes en allemand, tenta de casser la tête d'un ou deux infirmers avant de sombrer lourdement au sol. Lui aussi était hors-jeu. |
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